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Compte-rendu de la cérémonie de remise de la médaille des Justes au Pasteur Pierre Gagnier et son épouse Hélène

18 janvier 2012

Quelques jours avant les commémorations de la Déportation, Madame Blumenthal nous a ouvert les portes du salon d'honneur de sa Mairie, pour une cérémonie nous rattachant au passé, à la mémoire. Yad Vashem, représenté par Monsieur Victor Kuperminc et Monsieur Elad Ratson, Diplomate de l'Ambassade d'Israël ont attribué, à titre posthume, la médaille des Justes au Pasteur Pierre Gagnier et à son épouse Hélène.

Madame la Maire a évoqué ces évènements qui, à travers les ans nous réunissent dans une même émotion: la déportation des juifs d'Europe programmée lors de la conférence de Wannsee en 1942, « la solution finale », avec la destruction de six millions de personnes rendue possible en partie, grâce dit-elle à « la coalition de l'indifférence et de la haine...condamnés à être traqués, à disparaître, à être exclus de la communauté humaine ».

Michèle Blumenthal

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Andrée Poch-Karsenti

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Victor Kuperminc

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Les témoins encore vivants de cette époque, la famille Dohan, Monsieur Georges Isserlis, Monsieur Picard et sa sœur, Sœur Paula, mais aussi le témoignage de Madame Rouire décédée, nous parlent de cette traque, de cette peur du danger que représentait à lui seul le fait d'être Juif, de ce besoin de cache, de faux papiers, de solidarité. Tous nous font revivre une période noire de notre Histoire où la haine jaillissait provoquant peur et panique mais aussi révolte et résistance, car, à travers ces récits de vie il y a l'Espoir : des hommes se sont levés au péril de leur vie, pour mener des actions héroïques

Nelly Dohan

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Georges Isserlis

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Elad Ratson

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C'est un couple, Pierre et Hélène Gagnier, qu'aujourd'hui Yad Vashem honore en remettant à leurs enfants la médaille des Justes, car dit Monsieur Elad Ratson en parlant de ces Justes de France «par leurs actes, ils n'ont pas seulement sauvé des innocents, ils ont également sauvé la dignité humaine et l'honneur de la France... »mais aussi « très souvent les Justes considèrent ce qu'ils ont fait comme étant naturel ...» Pierre Gagnier apporte la démonstration de cette réalité. Après la guerre, il a refusé le moindre honneur en explicitant : « Je trouve que nous autres, Chrétiens, ne devons rien raconter de ce que Dieu nous permit de faire pour nos prochains en détresse. C'était une faveur pour nous de pouvoir agir et lutter contre cette force antichrétienne que fut le racisme allemand ».

Outre le fait d'exprimer une reconnaissance pour ce couple, cette manifestation représente ce fil qui a travers les générations s'appelle  Mémoire . Paul Valéry  a dit : « L'avenir en lui même n'a point d'image. C'est le passé qui lui donne les moyens d'être pensé »

L'avenir, la transmission, la mémoire, ont étés personnifiés ce soir par les lectures de textes des témoins absents. Hadrien, petit-fils d'Alain Gagnier, arrière petit-fils de Pierre et Hélène Gagnier a lu le témoignage de Madame Rouire, lecture d'autant plus émouvante, que Madame Rouire est décédée depuis son écrit, et qu'Hadrien fut un passeur, un transmetteur.

Thomas, petit-fils de Daniel Gagnier, lui aussi arrière petit- fils de Pierre et Hélène Gagnier, s'est fait le porte voix de Monsieur Picard et de sa sœur. La présence de ces enfants est une promesse faite à cette mémoire que nous évoquons si souvent, mais qui permet que l'oubli ne submerge pas et les victimes innocentes de la barbarie, et leurs sauveurs.

Hadrien

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Thomas

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Nous, « Enfants Abadi » n'avions pu nous associer nommément à la demande de médaille. Indirectement aidés par le Pasteur à travers le Réseau Marcel, nous voudrions exprimer notre profonde satisfaction, notre émotion devant les familles Gagnier et tous les proches, venus de province mais aussi des Etats-Unis.

Comme ce couple exemplaire, Odette et Moussa Abadi se sont tus pendant plus de quarante ans : eux non plus ne voulaient pas de reconnaissance, ils ne voulaient pas simplement «  regarder passer la procession... », ils voulaient «  sauver les plus fragiles, les enfants » Pour ce faire, ils ont demandé, et obtenu l'aide de Monseigneur Rémond qui leur a ouvert les portes des pensionnats de tout le diocèse où des enfants juifs pouvaient se dissimuler. Le pasteur Gagnier et le pasteur Evrard ont, quant à eux sollicité des familles protestantes; les deux fils du pasteur Evrard, Daniel et Louis ont participé au sauvetage en convoyant des enfants.

Odette et Moussa Abadi, eux mêmes juifs, ne pouvaient recevoir la médaille des Justes, mais nous les avons, par notre action, sortis de l'ombre. Madame Blumenthal nous y a grandement aidés en nommant dans le 12ème  arrondissement, un square à leurs noms. Nous ne la remercierons jamais assez.

Daniel Gagnier

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C'est avec pudeur et émotion que les quatre fils de Pierre et d'Hélène Gagnier ont remercié toutes les personnes présentes, évoquant de façon si vivante leurs parents et leurs engagements. Nous avons eu la certitude qu'eux mêmes auraient eu cette retenue.

Pour clore cette soirée si chargée émotionnellement, Madame la Maire à inviter les personnes présentes à s'approcher du buffet offert par la Municipalité. Des groupes se sont formés, des rencontres se sont faites, des retrouvailles ont eu lieu.

Encore longtemps ces moments résonneront dans nos cœur et nos mémoires.  


Au journal d'informations de 20h le 18 janvier , TF1 fait mention de la remise de la médaille.


Compte-rendu sur le site de la Mairie du 12e arrondissement de Paris : Accéder