Commémoration du décès de Moussa (Les cahiers de la maison Jean Vilar, 1er trimestre 1998).
M. Abadi avec Charles Dulin. |
Moussa Abadi
Plus qu'un membre du Conseil d'Administration de l'Association Jean Vilar, c'est surtout un ami qui disparaissait le 15 septembre dernier.
Un ami dont la vie se confond avec l'histoire du théâtre de ce demi-siecle que nous aimons évoquer. Il faudrait beaucoup plus que ce billet pour en rendre compte suffisamment.
Professeur de français, co-fondateur du groupe de théâtre médiéval de la Sorbonne puis du théâtre des Quatre Saisons, conférencier, acteur, chercheur jusqu'à cette période de l'Occupation ou il devient l'animateur d'un réseau clandestin pour protéger des enfants juifs : il sauvera des centaines de jeunes vies auxquelles il se consacre jusqu'en 1948. Toujours proche de la vie théâtrale, on le retrouve à la radio, créateur de l'émission "Images et visages du théâtre d'aujourd'hui". Plus de 800 entretiens sont réalisés avec auteurs, comédiens, metteurs en scène, animateurs, critiques.
Moussa fait don à l'Association Jean Vilar d'un fonds documentaire qui couvre trente ans de théâtre et facilite en permanence bien des recherches.
Mais il est impossible de dissocier sa vie de celle de son épouse, Odette, qui n' cessé de le soutenir dans toutes ses actions. Sa participation au réseau clandestin des "Chasseurs d'enfants" lui a valu de subir les camps de Birkenau et Bergen-Belsen, épreuves qu'elle relate dans un livre récemment paru à l'Harmattan "Terre de détresse".
Devant tant de courage, de générosité, d'amour partagé, il fallait que ce fût dit.