Une Soirée au théâtre
16 mai 2008
Le 16 mai 2008, nous avons étés quelques uns à partager l’émotion d’une soirée. Les jeunes élèves du cours de Théâtre du Collège et Lycée Morvan, (la Compagnie Ombelle) nous ont donné à voir leur travail, dont nous en avions eu un aperçu lors de la semaine de janvier 2008 sur la Déportation, à la Mairie du 9e.
Leur professeur, Frédérique Barthalay, est titulaire d’un Diplôme d’études supérieures en langue des signes, a été Assistante de Maurice Bénichou et J.C.Barbeau dans "Inconnu à cette adresse" de Taylor Kressmann.
Ella a par ailleurs, réalisé plusieurs mises en scène de spectacles bilingues pour des jeunes enfants sourds et malentendants, (en coproduction avec la Cinémathèque de Paris) ainsi que pour des adolescents.
Ces jeunes gens nous ont fait vivre avec sensibilité, une partie des heures tristes de la guerre, et ont su nous emmener quelques instants avec eux, comme pour nous faire ressentir le pays du silence.
Frédérique Barthalay explique ...
« Ce jeudi 11 novembre 1943 »
C’est avec Aude de Saint-loup (Directrice du Collège et lycée Morvan), Claudette Cochet, Pascal Caput (professeurs du Collège et lycée Morvan), François Flouret (collaborateur artistique) et moi-même que nous avons ensemble, décidé du thème de l’atelier 2008 : la période 1939/45.
C’est en effet une période qui m’intrigue, me questionne.
J’ai l’honneur d’avoir en ma possession, un journal que j’affectionne tout particulièrement. Celui de mon grand-père, Frédéric Canaud, déporté à Mauthausen le 11 novembre 1943.
Nous avons tenté de travailler sous forme de tableaux, à partir de passages choisis dans son journal. Avec les élèves comédiens sourds du cours Morvan, nous avons inclus de courts textes faisant écho à des thèmes abordés par mon grand-père (comme l’enfermement).
L’utilisation du signe au sein de cette forme, a un lien avec la mémoire. C’est peut-être en effet une manière de ne pas laisser de trace. Seulement une empreinte visuelle qui s’efface dans l’espace, à une époque où toute parole est pernicieuse.
Le silence fait partie de cette forme, comme s’il enveloppait un secret, comme s’il était déclencheur d’un état à venir tel un flot de paroles ou de gestes.
La compagnie souhaite poursuivre cette démarche théâtrale autour de ce journal écrit peu après la libération en 1945 et des enregistrements de cet homme, en créant un spectacle avec des comédiens professionnels et des jeunes issus du Collège et lycée Morvan.
Ainsi, outre le fait d’avoir l’ambition de raviver la mémoire collective par le biais de ses mots, symboles de la parole absente , il s’agit aussi de donner vie à un récit par la présence parlante et signante , "pour se réapproprier symboliquement la présence" du vieil homme aujourd’hui disparu.