Décés d'Olga Fink
Elles étaient deux jeunes étudiantes en médecine, Olga Kaplan et Odette Rosenstock, toutes deux âgées de 25 ans en 1939.
C’est cette année-là que Odette rencontre Moussa chez Olga. Olga se souvient : « Odette était une charmante jeune fille, très jolie, mince, blonde aux yeux d’un bleu éclatant, généreuse et pleine de vie. Moussa tomba immédiatement amoureux, mais il n’était pas question de mariage ».
Elles avaient leurs études à achever, un avenir incertain devant elles, surtout pour deux jeunes juives, en ces temps où Hitler envahit la Pologne et déclenche la Seconde Guerre Mondiale. Le destin des deux jeunes médecins les emmène toutes les deux à Nice. On sait qu’Odette y rejoint Moussa, et la fabuleuse histoire du Réseau Marcel commence. Et c’est à Nice que Olga rencontre Ignace Fink, secrétaire général du « Comité Dubouchage », dirigé par Michel Topiol. Ignace et Olga se marient et travaillent un temps à l’organisation du sauvetage des milliers de réfugiés juifs de la Côte d’Azur, en liaison avec un autre personnage de légende, Angelo Donati.
Le 9 septembre 1943, après la signature de l’armistice par les Italiens, Aloïs Brunner dirige la terrible chasse aux juifs qui déterminera Moussa et Odette, avec l’aide efficace de Mgr Rémond,des Pasteurs Gagnier et Evrard, à mettre en œuvre le « Réseau Marcel ». De son côté, Ignace Fink continue son travail de sauvetage en distribuant des faux papiers. Il est vite repéré par la Gestapo, et le couple doit quitter Nice pour Grenoble où la Résistance s’organise. Olga et Ignace y resteront jusqu’à la Libération. En 1945 naît leur premier fils Mathias qui deviendra membre de l’Académie des Sciences et professeur au Collège de France…
De retour à Paris, Ignace Fink se consacre totalement à la communauté juive. Il est l’un des fondateurs du COJASOR, dont il sera le Directeur Général jusqu’en 1993, année de son décès. Aujourd’hui, une résidence pour personnes âgées du COJASOR porte le nom de Ignace Fink. Cette résidence se situe à … Nice.
Olga fut l’une des premières à adhérer à notre Association. Tant que sa santé lui permettait, elle assistait aux commémorations que les Enfants et Amis Abadi organisent tous les ans. Elle aimait évoquer Odette et Moussa et nous régalait de mille souvenirs.
Le 8 juin dernier, ses enfants, petits enfants et arrière petits enfants, ses nombreux amis, ont porté en terre Olga, qui est partie « discrètement, comme si elle s’en excusait », selon les termes du rabbin Farhi, qui était là, à Bagneux, pour nous raconter cette belle histoire, en n’oubliant pas de rappeler la profonde amitié qui liait les Fink aux Abadi.
Victor Kuperminc