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Compte-rendu de la cérémonie de remise de la médaille des Justes au Pasteur Pierre Gagnier et son épouse Hélène

18 janvier 2012

Discours des enfants Gagnier (lu par Daniel Gagnier - Fils ainé de Pierre et Hélène Gagnier)

C’est avec une grande émotion que nous sommes réunis aujourd’hui pour cette remise de médaille des Justes parmi les Nations à Hélène et Pierre Gagnier, nos parents décédés il y a 23 ans. Nous souhaitons tout d’abord remercier Madame Blumenthal, son adjoint Monsieur Moulin, ainsi que le personnel de la Mairie du 12ème arrondissement pour leur accueil et l’organisation de cette cérémonie.

Nous remercions tout particulièrement Madame Poch Karsenti, Présidente de l’association des Amis d’Odette et Moussa Abadi, qui est à l’origine de la demande de cette médaille.
Nos remerciements s’adressent également à Yad Vashem France et à son représentant Monsieur Victor KUPERMINC et à l’Ambassade d’Israël en France.

Dans nos sincères remerciements, nous n’oublions pas ceux qui ont été cachés et protégés par nos parents et qui ont accepté de témoigner auprès de Yad Vashem :

Un grand merci à vous tous qui êtes ici : parents et amis venus de différentes régions de France mais aussi spécialement des Etats Unis.

Pour la constitution de ce dossier, les recherches nous ont permis de découvrir plus précisément les actions de nos parents à Nice pendant les années 43-44, mais d’autres resteront ignorées.

En effet, comme beaucoup de gens de cette génération, nos parents ont peu évoqué cette époque. Nous avions eu écho de quelques anecdotes seulement, citées dans le recueil écrit par notre père sous le titre « 50 ans de rencontres » destiné à ses petits enfants.

Jacques Chirac dans son discours au Panthéon lors de la cérémonie des Justes aussi un 18 janvier mais en 2007, a évoqué : « Des milliers de Françaises et de Français, qui sans s'interroger, font le choix du bien. Quel courage, quelle grandeur d'âme il leur a fallu ! Tous connaissaient les risques encourus : l'irruption brutale de la Gestapo. L'interrogatoire. La torture. Parfois même, la déportation et la mort ». Nos parents font partie de ces Français.

Ils ont été guidés par un seul principe, cité par notre père dans ses écrits et partagé par notre mère qui fut pour lui un soutien indéfectible :
« Je trouve que nous autres, Chrétiens, ne devons rien raconter de ce que Dieu nous permit de faire pour nos prochains en détresse. C'était une faveur pour nous de pouvoir agir et lutter contre cette force antichrétienne que fut le racisme allemand ».

Combien de personnes ont été cachées dans le temple et dans le presbytère ? Nous ne le saurons jamais.
L’Eglise protestante, contrairement à l’Eglise catholique, ne possédait ni foyers, ni écoles, ni associations, aussi nos parents ont dû trouver des familles pour héberger des juifs pour une durée plus ou moins longue avec tous les risques encourus.

Dès septembre 1941, notre père et une dizaine de théologiens protestants réunis à la communauté de POMEYROL, se sont élevés contre le sort réservé aux Juifs dans la France de Vichy, en déclarant dans la huitième thèse que « l’Eglise considère comme une nécessité spirituelle la résistance à toute influence totalitaire et idolâtre ».

Refusant les injustices, il n’hésitait pas à aller à la kommandantur pour signaler sa désapprobation ou pour chercher des informations. Lors de ses prédications pastorales, il ne cachait pas non plus ses convictions, ce qui était une prise de risque supplémentaire.

Animée d’une même foi dans la lutte contre l’injustice, notre mère était au courant de toutes les actions de son mari et agissait à ses côtés lorsque cela était nécessaire.

Nos parents n’ont pas agi seuls, ils ont été aidés par d’autres personnes en particulier par une équipe issue du scoutisme. Plusieurs de ces routiers sont parmi nous ce jour, et nous tenons à les saluer.

Quand Madame POCH KARSENTI nous fit part de son souhait de demander la médaille des Justes, nous avons hésité car nos parents n’auraient jamais accepté de leur vivant le moindre honneur. Finalement nous avons donné notre accord pour que la reconnaissance des Justes parmi les Nations leur soit décernée, car nous pensons que celle-ci sera un repère pour les générations futures et en particulier pour nos enfants et petits enfants.

Partageons cette médaille avec toutes les familles dont les membres ont été sauvés.

Merci.

Daniel, Alain, Jean-Marc et François Gagnier

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