Rencontres avec les élèves autour du Réseau Marcel
7 mai 2018
Au mois de décembre 2017, à l’initiative d’une enseignante, Yana Ponomarova, les élèves de Première du Lycée Fénelon, situé à Grasse, ont d'accueilli les membres de l'Association pour la Mémoire des Enfants Juifs Déportés des Alpes-Maritimes (AMEJDAM).
4 et 11 décembre 2017 : Grasse, Lycée Fénelon
Deux rencontres ont eu lieu successivement : le 4 décembre, le film du Réseau Marcel a été projeté. Après le film, Michèle Merowka a répondu aux questions des élèves, concernant les enfants cachés, la constitution du réseau et l’engagement des religieux. Ils ont été sensibilisés au fait que des enfants avaient été cachés dans l’école qui est aujourd’hui la leur.
Puis, Tamar Jacobs Loinger, fille de Fanny Loinger, Résistante engagée dans le sauvetage des enfants juifs par l’OSE (Oeuvre de Secours aux Enfants), a raconté comment une jeune femme ayant à peine fini ses études d’infirmière, est devenue un membre important de la Résistance juive. Elle a sauvé plus de 400 enfants, d’abord en les faisant sortir du camp des camps Milles, puis des camps du Sud-Ouest, puis en s’occupant du placement des enfants dans des familles d’accueil.
Le 11 décembre, quatre personnes sont venues témoigner : enfants cachés, enfants de déportés, tous ont fait part de leur vécu et de celui de leurs parents.
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Madeleine Germain : née à Paris, placée à l’Assistance publique avec sa sœur de 5 ans son aînée ; elles en sont chassées et placées successivement dans différents foyers d’accueil. Germaine, l’ainée des sœurs, est déportée à Auschwitz, elle en est revenue.
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Alain Zyzeck, né à Nancy, évacué dans le Sud-Ouest de la France avec sa famille, frère aîné engagé dans la Résistance française.
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Elena Goossens, née en après la guerre, fille de déporté, a expliqué la transmission du traumatisme subi par le père à la famille qu’il a fondé à son retour de déportation.
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Féodor Merowka, né en Allemagne, réfugié en France en 1934, a raconté l’exil, l’arrestation du père par les Italiens, l’internement dans le camp de Sospel, la fuite lors de la débacle italienne, la traque à l’arrivée des Allemands et la vie dans la forêt de Vence jusqu’à l’arrivée des Alliés.
Témoignages des élèves
La première rencontre était celle avec Mme Merowka, présidente de l'AMEJDAM qui nous a parlé des enfants juifs cachés par le réseau Marcel. Ce réseau de sauvetage a été fondé par Moussa et Odette Abadi en 1943 avec l'aide de Monseigneur Paul Rémond, Evêque de Nice. »
« Avec Mme Merowka et sa cousine, nous avons regardé le film qui explique le fonctionnement du réseau Marcel dans notre région. La semaine d'après, nous avons eu la chance inouïe de recevoir les témoins de la guerre. »
Merci à Madeleine Germain, Alain Zyzeck, Féodor Merowka et Elena Goossens. J'ai été très touché par le récit de chacun. Merci d'être venus nous parler de la Shoah. »
« Ces gens étaient très jeunes lors de la Seconde Guerre Mondiale, ils m'ont fait réaliser que je suis très chanceuse de vivre ici avec ma famille et mes amis, et d'être en sécurité. »
« Nous avons eu cette grande chance de pouvoir les écouter, nous sommes peut-être les derniers à entendre ces paroles, ces témoignages... »
« On hérite de la peur de nos parents, - ce fut la phrase qui m'a le plus marquée lors de l'intervention des survivants. Par le biais de cette remarque, nous avons réalisé que même si les enfants ne comprenaient pas ce qui se passait autour d'eux lorsque la guerre fut déclarée, la peur de leurs parents imprégna leurs esprits pour toujours. »
« Ces rencontres ont changé ma façon de voir la guerre : des centaines de héros n'ont jamais été sur le champ de bataille mais ont sauvé tellement de vies... »
Mardi 13 mars 2018 : Antibes, Mont Saint Jean, Ecole Catholique
Intervenants : Serge et Elise Binsztok
Sur l’invitation d’une enseignante, Mary-Line Bouard, la rencontre a également commencé par la Projection du film le Réseau Marcel à une Classe de première, composée d’une trentaine d’élèves garçons, et filles. Quelques questions ont été posées, auxquelles Michèle Merowka a répondu.
Puis, Serge Binsztock a témoigné de sa vie d’enfant caché au château du Masgelier, maison de l’OSE puis dispersion des enfants et il est séparé de son frère ainé, puis placé dans une famille qui l’a accueilli et bien traité. Quand il parle de son père, qui a été arrêté de déporté sans retour, son émotion passe dans la classe qui porte une attention quasi religieuse à ses paroles.
Puis son épouse, Elise, prend la parole pour raconter son périple de petite fille juive cachée, séparée de sa famille, mais sauvée. Les questions sont posées aux témoins présents.
Avant de partir, nous avons Offert le livre d’Andrée Poch Karsenti : les 527 enfants du Réseau Marcel.
Conclusion : Elèves très intéressés. Beaucoup de questions, sur le film et ensuite aux deux témoins Serge et son épouse Elise.
Vendredi 23 mars 2018 : Roquefort les Pins, Collège César
Cette rencontre était à l’initiative de Michel Duffar, professeur d’Histoire-Géographie, Rencontre avec les élèves de 3ème du Collège dont l'une des classes a fait le voyage au Camp des Milles. 7 élèves sont également allés à Auschwitz et sont revenus marqués par leur « expérience »
L'une des classes participe au concours de la Résistance et deux élèves travaillent sur le réseau Marcel.
Dans les 2 classes, Michèle Merowka a exposé la spécificité de la zone frontière avec l’Italie et l’afflux des Juifs dans la région en mettant l’accent sur la constitution et le rôle du réseau Marcel dans le sauvetage des enfants , et le rôle des religieux, catholiques et protestants. Beaucoup de questions ont été posées sur les faux-noms attribués aux enfants : pourquoi était-ce si important ? Comment ces noms sont-ils choisis ? Que deviennent les enfants après la guerre ? Comment retrouvent-ils leurs familles dont ils ont été séparés ?
Rendez-vous est déjà pris pour l’année prochaine, avec la volonté des enseignants de projeter le film du Réseau Marcel, qui présente l’intérêt de la proximité avec l’histoire régionale.