Décès de Simon Eine
7 octobre 2020
En février 2011, un nouvel « Enfant Abadi » à surgi dans nos vies. Tu faisais des recherches sur ton enfance et découvrais soudain, comme beaucoup d’entre nous, l’existence d’Odette et Moussa. Nous nous sommes rencontrés au mémorial de la Shoah autour des documents remis à la mort d’Odette, épluchant avec fébrilité ces vieux papiers, essayant de déchiffrer ce qu’entre les lignes ils pouvaient révéler d’une partie inconnue de ta vie, Colette, ton épouse à tes côtés. Tu y as découvert avec émotion une photo inconnue de toi.
Je comprenais, ô combien cette quête pour l’avoir moi-même menée quelques années auparavant, ce trouble sidérant qui s’empare de tout ton individu lorsqu’une part de toi-même t’es révélée fortuitement, avec la sensation d’être le même et l’autre !
J’ai appris à te connaître et mon regret fut immense en mesurant le peu de distance temporelle entre ta venue et le décès de Moussa que tu aurais pu connaître ; tous deux issus du monde du théâtre, quelle entente possible ! Car oui, tu es issu de cette famille du théâtre qui fut toute ta passion et dont tu exerças toutes les facettes. Qui mieux que toi pourrait parler de cette « maison » ? Tu as retracé ces étapes de ta vie dans un livre autobiographique en 2012 : « Des étoiles plein les poches » où tu expliques ce hasard qui te fit jouer la Comédie. Impossible ici de lister ton panégyrique tant du point de vue de l’acteur, du comédien, du metteur en scène. Il y aurait tant à écrire, à décrire depuis ton entrée à la Comédie Française en 1960 avec ta première pièce, Polyeucte, jusqu’à l’année 2014 où tu interprètes les auteurs classiques, Racine, Romains, Voltaire, Hugo ect… sous la houlette de metteurs en scène prestigieux. Parfois, de façon concomitante tu changes de rôle, de prisme, pour devenir chef d’orchestre toi-même et mets en scène les auteurs classiques. Le cinéma ne t’est pas inconnu et je découvre avec stupeur tes rôles dans des séries regardées par moi au temps où je ne te connaissais pas, ou dans des films, notamment « La Lectrice » de Michel Deville.
Tes décorations sont identiques à celles qui récompensèrent Moussa : Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier de l’Ordre National du Mérite, Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
Le mercredi 30 septembre, tu as salué une dernière fois, tiré la pourpre du rideau de scène que tu quittes définitivement. Tu vas nous manquer.
Dédée