Le Lycée d'Arsonval à Saint Maur
29 janvier 2024
Nous étions le 10 octobre 2023, surlendemain du 7 octobre sombre que tous avaient en mémoire. Invitée par Madame Corneloup professeur d'Histoire au Lycée d'Arsonval à Saint-Maur, je me suis trouvée face à environ soixante quinze élèves de terminale ayant déjà visionné le DVD "Le Réseau Marcel" pour expliciter, présenter, parler de ces héros qui ont écrit une partie de l'Histoire de leur temps.
Les jeunes étaient attentifs, intéressés, questionnant mais aussi respectueux de ne pas être trop intrusifs concernant ma propre trajectoire. Pour répondre à la question, qui depuis m'habite, d'un jeune homme : "Madame, quelles valeurs voulez-vous nous transmettre", j'ai fait entendre les trois minutes de la fin du message de Moussa au Sénat lors de la journée de 1995 autour de la "Destruction des juifs d'Europe." (écoute possible sur notre site) et lui demandant si j'avais répondu à sa question, très grave il a murmuré "Oui Madame."
Le travail demandé à ces lycéens est basé sur la semaine de la Mémoire, avec cette interrogation : "Pourquoi une semaine des droits de la Mémoire ?".
Quelques-uns de ces élèves devaient partir à Auschwitz, deux autres groupes se sont constitués pour élaborer des panneaux autour du réseau Marcel et des enfants cachés.
Ce jeudi 18 janvier 2024 une exposition de leurs travaux ainsi qu'une représentation de leurs talents musicaux et poétiques ont convié parents et élèves dans le grand hall de l'établissement.
La chorale de l'établissement à chanté en canon avec beaucoup d'émotions la chanson de J.J. Goldman "Comme toi», des lectures de textes de Charlotte Delbo et de Y.Katzelnelson, une retransmission à quatre mains du journal de bord de deux jeunes filles lors de leur visite à Auschwitz, un écrit retraçant la cérémonie commémorant le 11 novembre 1918 par deux élèves ont précédé l'interprétation au violon, par une jeune fille, de la musique du film "La liste de Schindler".
Les Mémoires étaient mélangées et combien fortes : aussi bien la mémoire familiale que celle de l'Algérie, (illustrée par des phrases blanches sur fond noir) que la célébration du 40e anniversaire de "la marche pour l'égalité et contre le racisme" partie de Marseille vers Paris en novembre-décembre 1983, mais aussi sur la Résistance avec le récit de la déportation de Simone Veil.
Gabriel Demirdjian de la 1GI nous a gratifié d'une œuvre personnelle très émouvante:
En ce jour chargé d'Histoire, nous sommes rassemblés ici, unis par le fragile fil d'argent de la Mémoire dont nous sommes les fervents gardiens.
Aujourd'hui, nous nous souvenons des étoiles innocentes tombées du ciel de l'humanité qui ont bravé à chaque instant les tempêtes de la guerre et affronté la mort avec un courage si puissant que notre esprit ne pourrait tenter de le ressentir voire même l'imaginer. Ce sont bien eux, les phares de l'espoir, dont l'héroïsme est et sera à jamais, gravé dans le marbre de l'histoire.
Aujourd'hui, leurs voix résonnent encore dans nos coeurs tel un écho poignant de leurs douleurs. Ces vies, bien que brisées, sont un rappel ô combien important de la valeur de la paix bien trop négligé dans ce monde en constante division et destruction.
Vous le savez tout autant que moi, la mélodie tragique des guerres passées ne devraient aujourd'hui plus résonner à travers notre monde. Pourtant, les paroles de ce sinistre chant écrit avec le sang des innocents, continu d'ébranler l'humanité. Des million s de vie sont encore perdus, des familles sont perpétuellement déchirées et les paysages, transformés en théâtres d'une désolation, dont l'Humain, en est l'unique responsable.
Garder la flamme de la mémoire, vivante en chacun de nous, c'est refuser de voir ces événements tragiques se répéter, et enfin, apprendre des crimes du passé pour forger un futur rayonnant de bonheur et de solidarité. La guerre n'est qu'une tempête de souf france que nous devons éradiquer, et la paix, le port où nous devons tous chercher à accoster, tel doit être l'unique destiné de l'Humanité...
Je vous remercie.
Gabriel DEMIRDJIAN (1G1)
La voix de Moussa a clôt cette heure si dense porteuse des valeurs qu'à notre tour, enseignants où témoins, nous voulons essayer de transmettre aux jeunes générations.
Andrée Poch-Karsenti