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Rencontre à l'école élémentaire d'application du Parc des Princes

21 janvier 2025

 

Ce mardi 21 janvier, nous avons eu la chance de recevoir Andrée à l'école pour tous nos CM2. Ils étaient impressionnés de rencontrer une témoin vivante de la deuxième guerre mondiale ! Ils avaient déjà quelques informations sur elle, sa famille, son parcours d'enfant cachée, et avaient préparé des questions.

Mais elle a commencé par leur poser des questions, à eux, enfants de 2025, en CM2. Comment peut-on créer un réseau ? Comment sauver des enfants qui risquent de mourir si on ne les cache pas ? En rassemblant ce qu'ils savaient de la situation en 1942, des moyens de communication d'alors, pas d'internet, pas de téléphone portable, des tickets de rationnement, des délateurs potentiels partout, des lois interdisant aux juifs d'exercer leur métier, l'étoile jaune, les noms à consonnance étrangère, les élèves ont réfléchi. Il fallait être plusieurs, mais que des personnes de confiance, pouvoir se nourrir, se loger, trouver des cachettes pour tous les enfants à sauver. Elle leur a expliqué la nécessité de fabriquer des faux papiers, des fausses pièces d'identité sur lesquelles la mention "juif" ne figurerait pas, des tickets de rationnement, les petites fiches comportant toutes les informations devenues secrètes sur les enfants qui étaient cachés, ayant changé de nom. Ils ont trouvé très difficile que des petits doivent s'habituer à ne plus répondre à leur prénom ou leur nom, sous peine d'être arrêtés, déportés, c'était difficile, violent, mais indispensable pour survivre. Il fallait surtout que des  familles protestantes, catholiques, athées, des instituts catholiques soient volontaires pour accueillir les enfants, les cacher, s'en occuper. S'ils étaient découverts, dénoncés, ils risquaient la prison, la déportation, la mort. C'est l'idée que les nazis s'attaquent même aux enfants qui aurait convaincu Monseigneur Rémond de s'impliquer dans le réseau.

Elle leur a raconté l'histoire d'Odette et Moussa, les résistants, amoureux, amoureux de la vie, de la liberté. Moussa, juif syrien, qui rencontre un témoin des horreurs déployées par les nazis dans les camps, le père Penitenti. Il décide, avec Odette, d'entrer en résistance, de s'occuper prioritairement des enfants. Ils vivent dans la zone non occupée, mais doivent circuler, ils s'envoient des messages grâce aux cartes prévues par les autorités, Andrée nous a apporté des exemples de ces cartes, des photos, l'étoile jaune d'Odette. Moussa convainc Monseigneur Rémond, archevêque de Nice, qui offre les locaux, de quoi faire des faux papiers, le nomme monsieur Marcel Delattre, professeur de diction pour les prêtres, Odette Rosenstock, médecin au dispensaire, devient Mme Delattre, assistante sociale. Avec ces faux papiers et cette "couverture", ils peuvent plus facilement circuler pour sauver les enfants. Comme Odette travaillait au dispensaire, elle connaissait les familles, les enfants, les parents ont donc pu lui confier leurs enfants à cacher en confiance. Ils écrivaient toutes les informations sur des petites fiches, cachées dans le jardin de l'évêché ou dans des archives, dont nous avons vu une photo.

Odette et Moussa, aidés par les membres du réseau Marcel, ont sauvé 527 enfants juifs entre 1942 et 1944. Odette a été arrêtée et déportée, elle a survécu aux camps et repris son métier de médecin après la guerre.

Andrée témoigne dans les écoles, les collèges et les lycées, elle a du mal à parler d'elle mais elle est heureuse de pouvoir transmettre ce que le réseau Marcel a fait durant la guerre. Elle fait partie des "enfants Abadi". Ses parents ne sont pas revenus de déportation, mais elle a retrouvé ses frères qui avaient été cachés ailleurs. Elle nous a montré une affiche sur laquelle on voit une foule d'hommes qui lèvent tous le bras pour faire le salut nazi. Tous ? Non, un seul d'entre eux ose rester les bras croisés. Cela peut être une forme d'engagement que de ne pas accepter de faire comme tout le monde. 

Andrée est devenue infirmière - puéricultrice, donc elle s'est occupée de petits enfants aussi. Elle s'est mariée, a eu des enfants et des petits enfants. Et elle demande aux élèves qu'elle rencontre de s'engager, eux aussi, de devenir des témoins, de savoir dire non à l'injustice, au racisme, à l'antisémitisme, à la haine de l'autre.

Armelle Gonzales-de-Trébons
Directrice

Réaction des enfants

Andrée est une enfant sauvée de la seconde guerre mondiale. En effet, elle a été cachée par des résistants jusqu'en 1945. Elle nous a raconté l'histoire qu'elle a vécue, elle nous a surtout parlé de deux personnes auxquelles elle est très attachée : Odette et Moussa. Ces deux personnes ont caché des centaines d'enfants juifs, dont Andrée. Au début, tous deux ne se connaissaient pas, puis, un jour, ils se sont croisés et ont vécu en France [Moussa était Syrien, NDLR].

Moussa voulait arrêter la guerre et un jour il rencontra un prêtre qui lui raconta que des hommes, des femmes, des enfants étaient emmenés dans des camps où ils mouraient. Moussa ne crut pas ce qu'il entendit, puis il se rendit compte que c'était vrai. Il se rendit chez Monseigneur Rémond, évêque de Nice, qu'il avait rencontré dans ses activités de théâtre à l'université. Il lui demanda s'il pourrait loger des enfants juifs dans des écoles catholiques, de créer des faux papiers pour les enfants juifs cachés, de lui donner à lui et à Odette, des postes et des faux papiers, ainsi que d'aider les personnes qui cacheraient les enfants. L'évêque accepta sans hésiter et l'aida à faire les faux papiers, car si la police ou les Allemands arrivaient, tout le monde se ferait arrêter.

C'est grâce à ce réseau de résistants juifs et non juifs qu'Odette et Moussa ont pu sauver 527 enfants juifs persécutés durant la guerre. BRAVO À EUX !!!

Nous lui avons posé nos questions et c'était formidable et extrêmement émouvant d'avoir pu rencontrer une personne qui avait vécu ces horreurs commises pendant la seconde guerre mondiale et d'avoir pu entendre son témoignage.

Noham CM2B et les CM2A