Pourquoi des pierres ?
D’aucuns auront noté que le logo du site Internet des Enfants et Amis Abadi représente des pierres empilées. Les plus attachés au sens des choses auront rapproché ce graphisme de la coutume juive consistant à déposer des pierres sur les sépultures des personnes que l’on souhaite honorer, dont on souhaite perpétuer la mémoire. L’objet de l’association étant notamment de perpétuer la mémoire d’Odette et Moussa Abadi (respectivement décédés en 1999 et 1997), ce symbole semblait approprié. Mais qu’en est-il de l'origine de cette tradition ?
De nombreuses versions concourent pour justifier ce geste. Il est difficile d’en déterminer l’origine exacte d’autant qu’il est fort probable que certaines explications soient nées bien après les prémices de la coutume.
Tout d’abord, il est à noter que cette tradition n’est présente que chez les juifs Ashkénazes qui ne déposent pas de fleurs sur les sépultures contrairement aux juifs Séfarades par exemple.
L’explication la plus courante est celle racontant qu’autrefois, les défunts n’étaient pas portés en terre dans les cimetières. L’emplacement des « âmes » devait donc être signalé par des pierres. De plus, si l’on se rapporte à des écrits du 3e siècle, les prêtres devaient éviter de se rendre impurs en traversant des lieux souillés par des cadavres. Les pierres leur signalaient ces lieux.
En amont de cette première justification, une autre plus ancestrale existe. Selon la Genèse, Rachel mourut en mettant au monde Benjamin, son onzième enfant sur le chemin d'Éfrath. Jacob, son mari, érigea sur sa tombe un monument fait de pierres. Ce monument devait servir de signe de reconnaissance aux enfants d'Israël sur le chemin de l'exil. Le tombeau de Rachel est aujourd’hui un rocher surmonté de onze pierres symbolisant ses onze enfants. Il est situé à côté de Bethléem sur le territoire biblique de Judée, en actuelle Cisjordanie.
D’autres rituels viennent parfois compléter cette tradition. On raconte que l’on déposait un brin d’herbe retenu par une pierre sur la tombe. Le brin d’herbe symbolise le déclin de l’être humain. La pierre est censée retenir le brin d’herbe autant que possible. L'herbe finit par mourir, s’envoler et disparaitre. Il semblerait que l’herbe ait été abandonnée pour ne garder que la pierre, symbole de ce qui retient (souvenir).
Enfin, bien que l’habitude soit prise de laisser les petits cailloux déposés sur la tombe, le geste complet implique que l’on les retire en quittant les lieux. Le fait de poser la pierre est destiné à appeler l’âme du défunt à nous le temps du souvenir. Le fait de la retirer lui permet de remonter.