Inauguration de la Place Moussa et Odette Abadi
Samedi 13 septembre 2008
Extraits de l'allocution de Marthe Kuperminc
(Enfant Abadi)
Madame le Maire, Mesdames, Messieurs, chers amis,
[...] Cette place dédiée à ce couple d’exception, Moussa et Odette Abadi, nous la souhaitions depuis très longtemps, et grâce à l’action de Madame Blumenthal et à son équipe de la mairie du 12°, nous voyons enfin la réalisation de notre vœu…
Odette et Moussa se retrouvent, fin 1942, tous deux réfugiés à Nice, alors sous occupation italienne….Ils auraient pu, comme la plupart des gens, penser à se sauver eux-mêmes, sans se soucier des autres. Ce n’était pas leur manière de voir les choses. Leur esprit humaniste, leur compassion pour la détresse des réfugiés juifs qui affluent à Nice, surtout celle des enfants, force leur décision d’agir.
Moussa, apprenant le destin tragique qui attend les enfants juifs arrêtés par la police française ou la Milice, décide, avec Odette, de demander l’aide de l’évêque de Nice, Mgr Paul Rémond. Celui-ci nomme Moussa, alias M. Marcel, inspecteur des Ecoles du Diocèse ; et Odette, alias Sylvie Delattre, assistante sociale. Ainsi naît le « Réseau Marcel », qui sauvera 527 enfants juifs de la déportation et d’une mort certaine. Ils trouvent appui auprès de maires, de pasteurs et de familles. Avec quelques complicités, ils fabriquent des faux papiers, fausses cartes d’alimentation indispensables à cette époque…
[...] C’est au couvent des Clarisses, que les enfants doivent apprendre à oublier leur identité, apprendre leur nouvel état-civil. Nouveau nom, nouveau lieu de naissance. Garder le secret, ne pas se trahir. C’est à Moussa (Monsieur Marcel) qu’incombait cette tâche qu’il assumait, la mort dans l’âme, avec sérieux, voire avec sévérité. Lorsqu’il estimait que l’enfant était prêt, et seulement à ce moment, l’enfant était dirigé vers la ville et la pension où il était affecté…
[...] Odette, Mademoiselle Sylvie Delattre, par tous les temps, en toutes saisons, sillonnait les routes des Alpes Maritimes, en autocar, au risque de se faire arrêter. Elle visitait chaque enfant, apportait une friandise, ou un petit superflu…
[...] Malheureusement, fin avril 1944, nous avons appris son arrestation par la Gestapo, et déportée…
[...] Modestes et discrets, ils n’ont rien raconté à personne, ni leur œuvre de sauvetage, ni la déportation. Seul, le tatouage indélébile sur l’avant-bras d’Odette portait témoignage des épreuves subies…
[...] Moussa nous a quitté en 1998, Odette l’a rejoint deux années plus tard. Ils nous ont laissé orphelins une seconde fois. Peu de temps après, nous avons décidé, sous l’impulsion de Jeannette Wolgust, de créer cette Association « Les Enfants & Amis Abadi », afin de leur apporter la reconnaissance et les honneurs qu’ils avaient refusés toute leur vie.
A tous ceux qui les ont connus, côtoyés, estimés, aimés, à vous tous ici présents, Merci.