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ThÉâtre et resistance : DÉpersonnalisation & IdentitÉ

22 juin 2009

Compte-rendu par Jeannette Wolgust (Fondatrice des "Enfants et Amis Abadi")


Andrée Poch Karsenti

Par la volonté inébranlable d’Andrée Poch Karsenti, présidente des enfants et amis Abadi, et grâce à l’aide amicale de Micheline et Lucien Attoun, directeurs du Théâtre Ouvert, à Paris, un colloque  s’est tenu le 22 juin sur le thème « Théâtre et Résistance, Odette et Moussa Abadi, dépersonnalisation et identité ». Ce fut un réel succès !

De bon matin, les « enfants Abadi » étaient là, chacun à son poste, mettant une dernière main au « décor » de la pièce qui allait se jouer au cours de cette journée : affiches et photographies illustrant le réseau Marcel, mais aussi l’homme de théâtre qu’avait été Moussa Abadi. Le public regardait avec intérêt ces affiches.

Dès 10 h, la salle était pleine et le public reconnaissait avec plaisir les nombeux auteurs qui avaient bien connu Odette et Moussa : Roland Monod, Jean-Claude Grumberg, Robert  Pouderou, Victor Haïm et Lucien Attoun.

Pierre-Emmanuel Dauzat

Pierre-Emmanuel Dauzat avait accepté de jouer le difficile rôle de modérateur ; il a managé avec diplomatie les différents intervenants et a clôturé la journée consacrée à Moussa en évoquant la place dans le monde littéraire du livre d’Odette Terre de Détresse.

Catherine Jourdan, Agrégée de philosophie, a bien connu Moussa et Odette. Véritable travail d’universitaire, son récit de la vie à Nice pendant la guerre était un hommage à ce couple. Le comédien Vincent Daufin lisait les textes d’auteurs qu’elle citait.

Puis Andrée Poch- Karsenti présentait l’itinéraire de Moussa Abadi, homme de culture, épris de théâtre, acteur, critique et chroniqueur d’une émission radiophonique. Elle a présenté avec beaucoup d’intensité et d’émotion, le Résistant qui a sauvé tant d’enfants donnant la parole à sa fille, Natacha, pour lire les textes illustrant son propos, formant ainsi un duo très émouvant, et une belle image d’harmonie entre la mère et sa fille.

Suivaient des interviews  d’Ariane Mnouchkine et Patrice Chereau, par Lucien Attoun. 
A la fin de la matinée, tous les hommes de théâtre sont montés sur scène et chacun, avec humour, plaisir et volubilité, ont raconté leur relation avec Moussa.

Après la pause déjeuner, Hélène Solterer, professeur de Français à Duke University, USA, présentait un travail très approfondi et fort intéressant sur le thème : « le jeu dramatique a-t-il servi au Réseau Marcel dans la clandestinité auprès des enfants cachés ? »

Puis Natacha Karsenti a lu un poème de Charlotte Delbo.

Charif Kiwan

Charif Kiwan, chroniqueur et rédacteur d’un quotidien libanais, posait la question d’une lecture différente du livre de Moussa Abadi « La Reine et le calligraphe ». Le journaliste a souligné l’universalité de Moussa, venu du ghetto de Damas, où il avait grandi, pour devenir un homme de Lettres et de Théâtre en France.  

Maria Landau, neuro-psychiatre et psychanalyste, a traité du trauma des enfants juifs cachés pendant la guerre, qui avaient subi une « dépersonnalisation », contraints de changer d’identité et d’en apprendre une nouvelle, avec la crainte de révéler le secret de ce nouveau nom qu’ils avaient du mal à s’approprier. Maria présentait également le livre d’Odette Abadi : « Terre de détresse » ; 50 ans après son retour, Odette a écrit un des plus beaux livres sur la déportation, les souffrances et la fraternité, le désespoir et l’espoir ! Tout y est ! 
Natacha Karsenti a lu un extrait de ce livre.

Victor Haïm a lu « La malédiction », tiré du livre de Moussa Abadi, « La reine et le Calligraphe ». Exceptionnel ! Pendant un quart d’heure, la salle était suspendue à ses lèvres.

Pierre Emmanuel Dauzat a fait monter sur scène les « enfants Abadi » présents dans la salle et ils ont entouré Maria Landau : Andrée Poch Karsenti, Marthe Kuperminc, Eve Schmidt, Armand Morgenstern, Estelle Amar, Armand Kac, Pierre Loeb, Julien Engel, Jeannette Wolgust. Chacun a raconté son passage dans le Réseau Marcel. Moment de grande intensité ! J’avais l’impression que nous, les enfants, nous nous tenions par la main pour nous réconforter. Odette et Moussa étaient présents au centre de cette ronde fraternelle. Quelques-uns n’ont pas pu s’exprimer, submergés par l’émotion. C’est le seul moment où le public a posé des questions.

Georges Loinger

Au cours du débat avec la salle, Georges Loinger a pris la parole. Grand Résistant,  responsable du passage de plusieurs centaines d’enfants en Suisse, il a parlé de son travail pendant la guerre et de l’angoisse des enfants lorsqu’il les quittait pour retourner en France en chercher d’autres. La salle et les participants, émus de le voir assis parmi les spectateurs, lui ont fait une standing ovation. Victor Kuperminc a signalé son gand âge et sa grande intelligence. Lucien Attoun a émis le voeux de faire une journée en son honneur, l’année prochaine, pour son centième anniversaire.

Pour conclure, Pierre Emmanuel Dauzat a donné la parole à Andrée Poch Karsenti et Lucien Attoun.  Andrée  remercie tout le monde d’avoir participé pour que ce colloque soit un succès. Elle a fait un travail exceptionnel, qui nous a permis  d’évoquer, avec chaleur et sincérité, Odette et Moussa Abadi a qui tant d’enfants doivent la vie.

Ce fut une rude journée pour nous tous. Merci à Andrée, à Lucien et à tous !

Jeanette Wolgust

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